Un jour de chance
J'ai croisé un Génie sur ma route
 
Il m'a demandé de faire un vœu
Alors j'ai réfléchi, et puis j'ai dit :
 
Emmène-moi loin de chez moi

Je cherche un endroit
 
Un endroit où
Je verrai du vert partout
Et l'horizon, loin sur la mer
 
Un endroit où la Nature est plus forte que nous
Et l'homme aussi rare que l'eau sera claire
 
Un endroit où j'oublierai mon impuissance
Et la vacuité de mon existence
 
 
 
So He took me to the Shetlands
juin 2022

 


Je t'ai dit et je t'ai répété
Que tu étais belle


Je te l'ai dit et répété
Encore et encore

Je te l'ai dit et répété, pour que tu en sois convaincue
Pour que personne ne puisse jamais te faire croire le contraire
 
Je te l'ai dit et répété
Mais je me suis trompée
 
Je me suis trompée de mots
Je me suis trompée de sujet
Et je suis désolée
 
Alors je ne le dirai plus
 
A la place je te dirai
Que ton apparence
N'a aucune importance
Il ne faut pas qu'elle en ait

A la place je te dirai
Que la seule chose qui ait de l'importance
C'est ce que nous faisons
 
Alors oublions à quoi nous ressemblons
 
Agissons
 
Nous pourrions peut-être changer ce Monde pour de bon
mars 2022

 

C'était un soir de décembre
Un soir de décembre en Camargue
 
Le soleil qui se reflète à la surface des étangs
Et qui transforme l'eau en métal chromé
 
Ces dizaines d'oiseaux étranges au bec recourbé
Leurs cris qui crèvent le silence
Et tu te demandes
Si le vacarme peut couvrir le bruit de tes propres pensées
 
Et puis la nuit qui tombe si vite
On dirait qu'elle cherche à voler la vedette à ces oiseaux colorés
 
Elle arrive d'abord dans une robe de bleus profonds ourlée de rose orangé
Et les flamants ne sont plus que des fantômes
Des boules de coton blanc, des flocons perchés sur l'étang
 
Et puis la nuit sort sa tenue de soirée
Un manteau de pourpres, de roses, de rouges et de violets
 
Et les flamants ne sont plus que des ombres chinoises
Ils se taisent
Et bientôt vaincus, ils disparaissent
 
Il n'y a plus que l'eau et le ciel
Et le bruit de tes pensées qui soudain, s'est arrêté
Décembre 2021

 

Je regarde les ailes fragiles des libellules se plier dans le vent juste après l'émergence

Je regarde l'eau qui s'écoule en bas des chutes, aussi furieuse qu'une vengeance

Je regarde les ciels d'orage, au-dessus des falaises d'Orches et du Château de la Rochepot

Je regarde ce que H.R. Giger a sculpté dans les profondeurs des grottes de Blanot

Je regarde la Voie lactée se déployer au-dessus du Moulin de Santenay
 
 
Et tandis que je dévore le Monde des yeux,
Je pense aux femmes de Kaboul,
Qui, désormais,
Ne le verront plus qu'au travers d'un petit morceau de voile grillagé
août 2021
 

Ce matin-là, il y avait un renardeau, à l'entrée de mon village.
Un renardeau mort, étendu au milieu de la route.
 
J'aurais voulu fermer les yeux, pour ne pas le voir.
Mais si je l'avais fait, derrière mes paupières fermées,
Alors c'est toi que j'aurais vu
 
Toi, au volant de ton SUV
Trop pressé certainement d'aller travailler
 
Je t'aurais vu en train de te plaindre de ton emploi du temps de président
Et pourtant, plus tu as de choses à faire, plus tu te sens important
Et moins tu penses à ce qui l'est vraiment
 
Le soir venu, tu auras tout oublié de cet animal sauvage
Tu prendras une photo de toi, à côté de la piscine, sur la terrasse en bois
Parce que tu l'as bien mérité
 
Le pire, c'est que quand on commencera à récolter ce que tu as semé
Tu seras pas le premier à crever
Le pire, c'est que ça a déjà commencé
 
Mais tu t'en fous,
Tout ce que tu veux, toi, c'est bouffer, baiser
Et regarder le foot à la télé
 
Et puis je t'aurais vu en train de me dire qu'il fallait me calmer
Que j'étais qu'une boule de colère ridicule, que je devais respirer
Et je t'aurais répondu justement, que j'avais plus que ça :
La colère, comme carburant, pour continuer

Que sans elle, peut-être que j'aurais renoncé, d'ailleurs
Comme certains de mes amis l'ont déjà fait
 
Alors au lieu de ça,
J'ai gardé les yeux grand ouverts
Et j'ai avancé

 

 

juillet 2021

On dit souvent que je suis pessimiste
On dit souvent que je suis négative
Je demande pardon
Pour ce poison distillé
Mais ces ténèbres ont leur utilité

Car ce que j’imagine n’est jamais arrivé
A la place, finalement, ce sont
Des rires, des succès, d’agréables surprises
Usurpant le scénario du pire

Et même si certains jours
Mon pessimisme l’emporte sur le reste,
Je sais aussi qu’il me suffit d’un rien pour faire entrer la lumière.
Une fleur, une mare, un œil ouvert dans la clairière

 

mars 2021

J'aime pas quand j'ai l'impression que Maman regarde mon frère plus que moi.
Dans ces moments-là, c'est comme si j'existais pas.
Comme s'il avait un truc que j'avais pas, je sais pas quoi.
Des fois je fais des bêtises pour que Maman regarde que moi
Des fois je fais exprès de faire des trucs qui lui plaisent pas

Et j'aime pas quand Maman pleure le soir parce que Papa rentre tard

Mais j'aime bien quand Maman fabrique des petites souris avec de la feutrine
J'aime bien quand elle joue aux légos avec nous
J'aime bien quand elle dessine, elle fait des beaux dessins, ma Maman
J'aime bien quand on chante et qu'on danse dans le salon tous ensemble en écoutant de la musique
Même si elle fait du yaourt quand elle chante, ma Maman

Et j'aime bien comme elle plie les chaussettes, ma maman, avec amour, comme si elle langeait avec soin un petit bébé.


Alors, quand je serai grande, c'est promis,

J'aurai qu'un seul enfant, pour être sûre de pas l'aimer plus ou moins qu'un autre
Je promets de quitter tous les hommes qui me feront attendre trop longtemps, Maman
J'apprendrai par cœur les paroles des chansons
Pour les chanter à tue-tête dans mon salon
Et aussi
Je serai une artiste, une vraie, juré promis

Et puis, quand  je serai grande, je plierai les chaussettes exactement comme toi, Maman



Voici venu novembre, et la pluie, et le froid...
Et avec lui, le son usant ou amusant d'une plainte
Sortie de la bouche de certains hommes, qui
Chaque année, râlent, comme si
Le temps
Était aussi la faute du gouvernement...
 
Et tandis qu'ils étaient devant leur écran de télé
Suppliant le Dieu météo de se montrer plus clément
Chaque soir de pluie, lorsque la nuit tombait
Moi j'attendais, les mains jointes, le cœur battant

 

De voir apparaitre

La Fée de la Nuit, la Fée de la Pluie

Dans le corps incarné

D'une Salamandre tachetée

 

 

 


J'ai souvent fait ce rêve éveillé d'une maison au bord d'un lac.
Il y aurait un ponton pour s'asseoir tout près de l'eau.
Autour de la maison, il y aurait une forêt.
Et au bout de la forêt, un autre lac.
Autour des lacs, il y aurait des tourbières
Autour des tourbières, il y aurait des forêts
Des arbres encore et encore
A perte de vue
Et puis, jour et nuit,
Cette lumière
Qu'on n'oublie plus
 
Rêve, un jour de juin, j'ai voulu dire ton nom
Et je t'ai baptisé :
Finlande

 


Ma recette pour te rendre heureux est un bricolage
Un peu de colle ici, là, une agrafe, un rafistolage
Tout droit sorti de ma boîte à outils
Ne regarde pas dedans, j'y ai caché
Tous les remords et les regrets
 
Ma recette pour te rendre heureux est un mystère
Un filtre d'amour dans un chaudron de sorcière
Ne regarde pas dedans, j'y ai dissous
Toute ma rancœur et mon courroux
 
Ma recette pour te rendre heureux est un sortilège
C'est l'empreinte de ta main sur mes seins couleur de neige
Peut-être alors croiras-tu que c'est un piège
Puisqu'à ce moment-là je te laisserai
Me regarder

 


Quand vient l'hiver,
Je fais des photos du sol
Pour garder les pieds sur terre

Pour garder les pieds sur terre
Je fais des photos du sol
Mais fatalement
Vient toujours ce moment
Où je décolle

J'imagine des choses qui n'arriveront jamais
Des couleurs qui n'ont jamais existé
Certains diront sans doute que je suis perchée

Peu importe ce qu'ils pensent, peu importe ce qu'ils disent
Peu importe l'hiver
Puisqu'il y a dans mon imaginaire
Suffisamment d'espoir
Et de folie... pour y croire


La voici,
Je la sens venir,
L'émotion, comme un train
 
L'émotion serait comme un train lancé à pleine vitesse,
Et moi, attachée sur la voie ferrée
 
Alors dis-moi, comment faire pour se relever ?
Dis-moi comment faire pour ne pas dérailler
 
L'émotion, comme la pluie

L'émotion serait comme une pluie qui pourrait tout traverser
Alors dis-moi, comment faire pour s'en protéger ?
Comment faire pour ne pas être mouillée ?
 
Et dis-moi
Comment font ces gens
qui retirent la peau de leurs émotions
comme un vêtement ?
 
Ceux qui se tiennent à distance tout le temps...
 
Je ne sais pas et ne veux pas l'apprendre
Moi qui ai toujours préféré souffrir que ne rien ressentir...

Regarde,

Cherche bien

Je suis là

Quelque part

Blanche comme le sable

Et comme l'eau, insaisissable

Essaie de m'attraper

Et je glisse entre tes doigts

 

Comme l'Océan

Si Calme, pour un instant,

Et puis sans prévenir

Je vais gronder à n'en plus finir

Et déchainer sur toi ma vague de colère

 

Mais n'aie pas peur, car... je l'ai dit :

Je suis comme l'Océan

Comme le flux et le reflux

Qui, dans un ressac incessant

Avant d'être parti, est déjà revenu....

 

Octobre 2018


Un jour d'octobre, je me suis perdue dans une forêt de Pins

Perdue ou Retrouvée, je ne sais plus

Mais je savais que c'était dangereux car,

Si l'on s'approche un peu trop

On commence à sentir leur parfum magnétique

On a envie de retirer ses chaussures, pour se sentir encore plus petite

 

Et puis je me suis dit :

Tant pis...

Je me suis approchée tout près d'un Grand Pin

Je me suis collée à son tronc

Et ma peau contre son écorce

Je lui ai chuchoté :

 

Grand Pin, Répare-moi

Répare-moi s'il te plait

Donne-moi un peu de ta sève

Pour recoller

Les morceaux de moi qui sont cassés

 

 

octobre 2018


Qu'est-ce que vieillir, sinon perdre peu à peu ses illusions ?

Et suis-je si vieille que cela, pour ne plus en avoir aucune ?

Suis-je si vieille que cela, pour avoir l'impression d'avoir vécu plusieurs vies ?

J'ai croisé le loup, et je lui ai donné mon corps.

J'ai rencontré le renard, et je lui ai donné mon cœur...

Mais si je n'ai plus d'illusions, il me reste le désir, et l'espoir

De te croiser un jour, le Poète Maudit

Je ne te donnerai alors

Ni mon cœur, ni mon corps

Mais tu pourras prendre mon âme

 

 

septembre 2018


Ce matin, j'ai senti que mon cœur était froid,

Sur le dos je gisais,  avec toi dans mon lit,

Un cadavre, un zombie, dans mon linceul d'effroi

 

Quand le coq a chanté, je me suis levée, vite

Et pour te rassurer, un mot, un geste, un rite

 

Cinq heure quarante trois

Alors, j'ai cru peut-être

A un nouvel émoi

En ouvrant la fenêtre

 

Mais mon cœur était froid,

Comme l'aube à la vitre,

Comme le dernier chapitre

De mon amour pour toi

 

 


J'ai cru à tort,
que c'était ça l'amour,
Cette communion immatérielle qu'on appelle fusion

J'ai cru à tort
Que c'était ça l' amour
Être l'un dans l'autre, mais ce n'est qu'une illusion

L'amour c'est être au bord
Tu sais comme on est au bord de l'eau
Et même en se baignant dedans, parfois
On ne s'y mélange jamais vraiment

L'amour c'est être au bord
Être au bord, impuissant
Quand l'eau se perd en tourbillons
Ou vient à se tarir

L'amour c'est être au bord
Espérant, remuant, écoutant
Le bruit de sa respiration
L'ampleur de ses soupirs

Et Toi l'étranger
C'est ici que j'ai choisi de rester

Au bord de toi



Last night I dreamed
That you could see the blood run out of my veins
Changing to a million stars

And then it runned to the sky
Flying to a place of mystery
Falling down
Millions of lights falling
Over the waterlilies

 

octobre 2017

 


Je ne te connaitrai jamais.

Je ne saurai jamais qui tu es.

J'aurai beau te regarder pendant des heures,

Essayer de lire à travers l'opacité de tes yeux,

Tu seras toujours, avant de l'être pour moi,

Un mystère pour toi-même.

 

Confrontée à cela,

Je sens mes âmes se démultiplier.

Il y a celle qui s'auto-mutile,

Celle qui crache le feu pour tout réduire en cendres,

Et celle qui observe,

Impassible,

L'étrange absurdité de l'être que tu es.

 

Ces trois âmes réunies font

Que je n'ai pas d'autre choix,

Je n'ai qu'une évidence,

Celle de placer une confiance aveugle en moi-même,

Le grand

L'unique

Le seul mystère,

Enfin résolu

 

 

 

Septembre 2017


Tu dis que tu n'aimes pas
Quand les gens roulent trop vite
Et pourtant
T'as foncé dans le décor

T'as foncé dans le décor
Et t'as tout cassé
Pourtant, je l'aimais bien c'est vrai,
Dessus il y avait
Des fleurs de lotus, et des carpes koï
Des fenêtres grandes ouvertes sur l'avenir
Et des bambous à n'en plus finir

Maintenant que ses morceaux gisent sur le sol
Je vois derrière ce grand mur de béton
Avec au centre, une meurtrière
Et j'ai peur de regarder au travers
Car que crois-tu qu'il y a derrière ?

Un lac de sel
Un désert où rien ne pourra jamais pousser ?

Si c'est cela, je le traverserai
Viens, prends ma main
Au-delà je sais que nous retrouverons
La forêt

Et ce ne sera plus un décor
Ce sera la vie la vraie

 

septembre 2017


Brother, take me to the top of a Moutain
To see if the sky up there is clearer
To see if the sun is hotter
Brother, take me to the top of a Mountain
To see if I can trust a man again

This day you told me
We did not have the right to be happy
Did anybody cast a spell on us ?
Is it something like twin's curse ?

Brother, take me to the top of the Mountain
To see if wounds can be smaller
To see if memories can be buried, brother
Take me to the top of a Mountain
To see if I can throw away the pain
To see if I can trust a man again


 

Je rêve qu'un jour j'habiterai au bord de la rivière.
Peut-être alors y jetterais-je toutes mes idées noires, à chaque fois qu'elles me viennent
J'aurais peur qu'elles salissent l'eau claire
Et puis je serais rassurée
En voyant l'encre sombre s'y diluer

Je rêve qu'un jour j'habiterai au bord de la rivière
Peut-être alors deviendrais-je ce que j'ai toujours voulu être
Un esprit flottant, contemplatif
Perdu dans l'immensité d'un instant éternel et paisible
Sans jamais revenir à la réalité

 

 


Quand j'écris les mots
Ils ne m'appartiennent plus
Une fois qu'ils sont dehors ils sont
A ceux qui les ont lus

Peu importe ce qu'ils en feront
Qu'ils s'en moquent, qu'ils les oublient
Ou qu'ils les prennent en leur sein
Qu'ils les disent à d'autres qui en auraient besoin

Et avec eux s'écoule au loin
Ce qu'ils avaient à emporter
Comme un fleuve clair et tranquille
Charrie les corps morts des émotions passées


Parfois

Tu crois que tu vaux moins que les autres

Tu as tort

 

Il y a de la lumière dans ta discrétion

Et la justesse de tes propos

 

La différence entre toi

Et ceux qui en l'air agitent leurs bras

C'est qu'ils cherchent encore leur place ici-bas

 

Ce n'est pas parce qu'ils ne te remarquent pas

Qu'ils existent plus que toi

 

Il y a de la grâce dans tes postures

Et tes valeurs pour inspirer les impurs

 

Quelque chose de délicat qui n'appartient qu'à toi...

 

mars 2017

 


Souvenir de Gloire

 

Ce matin-là,

Glorieuse était la Tourbière

 

Nous n'avons su que tard

Qu'un camion là-bas dans le sud

Avait roulé sur des vivants

Le lendemain tu m'as dit

Que sur la plage il y avait

Des corps nus et luisants

 

Comme si rien de tout ça ne fut

Et pourtant

 

Là-haut dans les Vosges il n'y avait

Personne

Le matin la tourbière était déserte

Et pourtant

 

Que de Splendeur il y avait

Par terre

 

Ce matin-là, glorieuse était la Tourbière

 

Janvier 2017


Être à nouveau Foi

Quand on me donnera quelqu'un, quelque part, en qui croire

 

Être à nouveau Loi

Quand on me donnera quelqu'un, quelque part, pour me protéger

 

Être à nouveau Toit

Quand on me donnera quelque part, un endroit pour m'abriter

 

Être à nouveau Voix,

Quand on me donnera quelqu'un quelque part, pour m'écouter

 

Être à nouveau Soi,

Quand je ne serai plus migrant

Quand il y aura enfin

Quelqu'un, quelque part

Pour m'appeler par mon nom

 

 

janvier 2017


Te souviens-tu mon frère

Quand on s'enroulait dans les tissus

Chauds de la peau de notre mère

Mon frère t'en souviens-tu

 

Crois-tu mon frère

Qu'il soit possible un jour de revenir en arrière

De réparer nos cœurs quand ils sont abimés

De retrouver la paix et la sérénité

 

Celle du temps jadis où nous n'avions qu'un cordon

Qu'un ventre pour deux et qu'une respiration

Écoutant les mêmes battements de tambour

Peut-être avons-nous cru alors

Que jadis serait toujours

 

Décembre 2016


Quand tu n'auras plus de désir pour moi,

Je laisserai pousser ma fourrure

Ce sera d'abord par paresse,

Et puis par tristesse

 

Un jour j'aurai peur, comme toi,

De cette immense toison

Recouverte de chevelure

 

Un matin au réveil,

Il me sera poussé des oreilles,

Et des crocs

Alors, dans ton dos,

Pendant que tu sommeilles

J'irai à quatre pattes

 

Le pelage luisant

Gorgé d'énergie sexuelle

Rejoindre ma meute

L'Alpha et l'Omega

Dans la forêt originelle

 


Il y a les jours de pluie

Les jours tout gris

Les jours difficiles 

Les lendemains

Les nuits sans lune

Les jours sans fin

 

Et puis il y a

Le pouvoir de tes mots

qui arrivent sans prévenir

Comme des averses sans pluie

 

Tes mots qui sont

Comme des pansements magiques

Des sourires malins

 

Je les attrape pour les coller au plafond de ma tête

Tes mots comme des étoiles

Eclairent l'obscurité de mon quotidien 

 

 

août 2016


 

 

 

 

 

Do you believe something good can come out of the Chaos ? 

 

Catch a branch and watch the World burn

From the top of the Tree, 

Feel the spirits of leaves breathing all around you,

Singing about Freedom and Life

 

Before all this end and turn to ashes

 

 

 

 

juillet 2016


 

 

Leucosie (la blanche)

 

Je voudrais être un caillou

Pour briser le verre de ta vitre sans tain

Au travers de laquelle tu ne me vois plus

 

Je voudrais être un caillou

Pour troubler la surface de ton eau tranquille

Et tout deviendrait flou

Tout deviendrait fou

Un No man's land

 

Je voudrais être un caillou, un caillou lourd

Pour t’entraîner tout au fond

De mon lac profond

Mon amour

 

juillet 2016


 

Solitude

Comme une tenaille au ventre

L'odeur du souffre et de la tourmente

 

Béant

Le vide entre nos deux corps

Un gouffre sans fond que rien n'éclaire encore

 

Étrange

Comme le poison soulage

Et apaise un peu le ressac incessant de ce gaspillage

 

Et plat

Le tracé de mon cœur qui bat

Désormais

Au rythme du silence

 

juin 2016

 


 

Ne te retourne pas

 

Là, derrière, il n'y a que le vacarme et les gesticulations

Des coqs qui se battent dans l'arène

 

Ne te retourne pas

 

Là, devant, à l'horizon

Une lumière

Puise sa force dans la beauté des mots

Et la poésie

 

Ne te retourne pas

 

Va la chercher

Et quand tu l'atteindras

Prends-là pour la mettre

Au creux de ton ventre

 

 

 

Prends-là, qu'elle nourrisse ton âme

Et referme la béance

 

Et d'ici là,

Ne te retourne pas 

 


Je marchais dans ce bois que j'aimais tant, à la recherche des petites ailes colorées des aurores.

Au bout de la grande allée, il y avait une clairière, un pré que je n'avais jamais visité.

Moi qui aime tant découvrir de nouveaux endroits ! J'y suis allée le cœur léger.

 

Là, j'ai vu deux grandes ailes brunes, plantées au milieu du champ, comme tendues vers le ciel.

Je me suis approchée et je t'ai pris d'abord pour un oiseau mort,

Les serres vers le haut, l’œil exorbité, le poitrail enfoncé

 

Et tout à coup, tu t'es mis à bouger

 

Car tu n'étais pas mort

Tes yeux et ta langue, complètement dehors

Ton poitrail qui péniblement, se soulevait encore

Tes pauvres ailes qui battaient dans un ultime effort

 

Tu n'étais plus un Milan noir, tu étais Agonie

 

Et mon cœur s'est brisé d'effroi, comme un verre en cristal jeté contre un mur d'acier

Car je ne pouvais pas te tuer

Je ne pouvais pas t'aider

Je ne pouvais pas te soulager

 

Et dans ma terreur de te voir ainsi souffrir, le paradoxe de ta mort utile s'est frayé un chemin,

Car il était certain, qu'un renard viendrait bientôt t'achever pour faire de ton corps agonisant un festin.

Tandis que ma mort, et peut-être même ma vie, ne serviraient jamais à rien.

 

avril 2016


J'ai renversé ma colère sur le papier

Comme un pot d'encre de chine, tout entier

J'ai cru qu'elle formerait une mare immuable et indélébile, 

Mais, à force de l'observer, 

Je l'ai vue se transformer

Je l'ai vue couler en fines rigoles

Et au bout de ses doigts griffus,

Des pétales émus venaient s'épanouir 

Tandis que ma colère muait 

Pour fleurir doucement l'arbre de ma tristesse

 

mars 2016


Le Lecteur

 

Parfois je rêve

Que tu viens me lire en secret

Je n'en sais rien et pourtant tu es là

A me lire, tel un voyeur

Invisible à ma fenêtre, quand je dors

 

Le jour où je te croiserai, lecteur

Tu me diras " je t'ai lue "

Et sans un mot de plus

Je saurai

Que tu m'as lue toute entière

Comme on pèle une orange

Tu m'as lue jusqu'à la moelle

 

Et dans l'étincelle de ton regard

Je lirai que tu sais tout

Les failles, les écorchures, les cris qui restent à l'intérieur

Puisque que tu m'as lue toute entière, mon Lecteur 

 

mars 2016

 


 

   Si je croisais le diable sur ma route,

Je ne lui vendrais pas mon âme 

Pour un peu de gloire ou d'argent

 

Mais si c'était la Forêt

Qui voulait m'absorber toute entière

Je crois que peut-être alors

Je serais prête à tout quitter

 

 J'ai tant de peine à penser

Que mes cendres n'y seront pas dispersées

Quand tu seras orpheline

 

Quand ta douleur serait tellement plus légère à porter

Si tu pouvais me retrouver

Dans le chant de oiseaux, et la sève des arbres,

Dans les tapis de feuilles mortes givrées 

Qui croustillent sous tes pieds

 

Ce serait plus facile de partir alors,

Si tu pouvais m'y retrouver.

 

février 2016


T'es comme une vieille amie, la Forêt,

T'es comme cette vieille amie que j'oublie d'appeler,

Embarquée dans mon quotidien

 

Je pense à elle souvent,

Je me dis : faut que j'aille la voir, absolument !

Les jours passent et je n'y vais pas,

Mais malgré tout, je pense à toi

 

Et même si on ne se voit pas,

Je sais que l'hiver est long pour toi,

Et que tu souffres aussi, parfois.

 

Je sais aussi que, quand on se retrouvera,

Malgré mon absence pendant ces moments difficiles

J'aurai droit à ton plus beau sourire,

Comme la Forêt au printemps m'offre ses chemins recouverts de fleurs,

 

Car,

Mon amie, ma vieille, ma tendre amie, tu es comme la Forêt !

 

février 2016


Et bien voilà, ça y est :

Demain, j'aurai 40 ans.


Toutes ces années que je n'ai pas vues passer, à me tromper de chemin parfois, souvent, à brasser de l'air.

Et si tout était à refaire ? 


Je fais le constat que la vie de l'homme est absurde, que nous cherchons tous des distractions pour fuir la peur de la mort, cette impasse inéluctable vers laquelle nous allons tous.


Certains se distraient par le plaisir, de boire, de manger, de baiser.


Certains s'occupent l'esprit en militant pour de grandes causes, la veuve, l'orphelin, notre mère Nature, nos frères les animaux...


C'est mieux que rien, me direz-vous.

Oui, c'est mieux que rien,

C'est certain.


Et quelle affreuse tristesse, quelle atrocité,

quand cette absence de sens,ce vide insupportable,

se remplit par le meurtre et l'agression.


Et bien voilà, ça y est : demain j'ai 40 ans.

Je ne suis pas malheureuse, non !

J'ai tant de raisons de ne pas l'être.


Je suis juste lucide,et,

A l'échelle de l'Univers,

Je ne suis RIEN !


Décembre 2015


C'est l'automne.

C'est l'automne et il neige.

Des flocons jaunes et oranges tourbillonnent en l'air

Avant d'échouer sur le sol de la forêt.

C'est l'automne.

C'est l'automne et il tonne.

Des coups de tonnerre résonnent dans l'air,

Et peut-être quelque part, là-bas au loin

Un animal s'échoue sur le sol de la forêt.

Quelle triste et étrange vision

De cet animal mort

Sur le sol multicolore.

 

 

Novembre 2015


J'ai un terrible aveu à te faire.

Qui sait si tu me pardonneras...

J'en aime un autre que toi

On se voit peu, une fois par an

Seulement

Je ne peux pas dire que j'y pense tout le temps,

Mais quand vient le moment,

Je retombe dans ses bras, inexorablement.

Non, je ne l'aime pas plus que toi,

Je vous aime tous les deux, tu y crois ?

Je l'aime pour sa timide chaleur,

Pour sa débauche de couleurs,

Oui, j'aime Octobre, voilà !

Je l'aime aussi parce qu'il y a 5 ans,

Rappelle-toi,

Au mois d'octobre, j'ai perdu un ami,

Et je t'ai trouvé

TOI

 

Octobre 2015


 

Si je pouvais parler à l'enfant qui est en moi, je lui dirais :

 

Prends

Prends ma main

Prends ma main et n'aie pas peur d'avancer

 

Regarde

Regarde au loin

Regarder au loin le soleil se lever

 

Écoute

Écoute bien

Écoute bien le chant de la Terre sous le Ciel étoilé

 

Goûte

Goûte un peu

Goûte un peu la saveur des fruits sucrés

 

Respire

Respire encore

Respire encore et encore les embruns salés

 

Et n'oublie pas

N'oublie jamais

N'oublie jamais quand tu seras grand l'enfant que tu étais

 

juillet 2015

 


Il était une fois, un petit et un grand.

 

Le grand dit au petit :

Dis-moi petit, que feras-tu, quand tu seras grand ?

 

Le petit répondit : je serai un coquelicot géant !

 

Pourquoi faire ? dit le grand

Un coquelicot, ça ne vit pas très longtemps !

 

C'est vrai, dit le petit

Ceci-dit, je serai rouge éclatant

 

Et tous les jours de ma vie

Je danserai dans le vent !


juillet 2015 


Tu as vu comme ce Monde tourne vite ? 

A peine entrés, et c'est l'heure de la sortie...

Ton tour de piste est déjà fini

 

On ne mâche plus, on engloutit !

Mais comment sentir le goût de ce qui est avalé tout rond ? 

 

Je ne sais pas encore comment m'y prendre,

Je ne sais pas encore ce que je ferai quand je serai grande.

 

Alors laisse-moi faire l'éloge de la lenteur

Faire d'une minute, une heure... et regarder pousser les fleurs

 

Non, je ne veux pas monter dans un manège-fusée

Pour être propulsée la tête en bas à plus de 6g

 

Je veux que tu m'emmènes sur une vieille route de campagne

Sans jamais passer la 4ème

Et quand je descendrai de ta voiture

Tout doucement, je marcherai

 

Parce que le chemin emprunté

Est aussi important

Que l'endroit où je vais

 

 

 

juin 2015


Maman, pourquoi ?

Pourquoi tu m'as jamais dit que j'étais belle ?


Maman, pourquoi ?

J'ai presque 40 ans

Et je souffre toujours autant


C'est toi qu'as raison Maman,

Je dépense des fortunes sur le divan

Et pourtant

Je souffre toujours autant


Maman, pourquoi

Je fais des photos de fleurs

Et je mets des robes à fleurs

Tout le temps ?


En attendant que leur beauté sur moi déteigne un peu


Des robes, j'en ai des dizaines

Et des photos, des centaines,

Mais ça marche pas

  Dis moi, Maman, pourquoi ?


  Maman, pourquoi

  J'arrive pas à grandir ?

  J'ai si peur de mourir,

  Mais vivre, c'est bien pire


mai 2015



Quand je serai vieille et fripée
Quand tous mes pétales seront fanés
Quand le vent aura tourné

Quand il n’y aura plus personne pour me lire
Je continuerai d’écrire
Pour toi

Pour ce que tu m’as donné
Le temps passé à rire et à chanter
Cette lumière allumée

Je laisserai des mots comme des graines
Pour que tes enfants les sèment

Je laisserai des mots pour qu’ils germent
Et que tes enfants les aiment



avril 2015




Ce matin-là, le ciel était tout blanc.
Le soleil, j'imagine, s'était dissous dedans.


Et dans le bois, il y avait cette musique étrange.

Tu sais, ces sons primitifs, qui résonnent en nous,

Tel un écho grave, et l'instant d'après,

Aussi légers que le tintement du xylophone.


Tu n'as rien entendu, mais j'ai pensé à haute voix
" Prends-moi dans tes bras "
Au moment où je me suis rappelée
Que rien ne dure pour toujours, jamais.





mars 2015



Deux Nivéoles poussaient au bord de la rivière.


L'une demanda à l'autre : " Dis-moi petite sœur, quelle est la nature de la rosée ? "


L'autre répondit : " La rosée est comme le cœur des enfants, limpide le matin. Mais avec le temps qui passe, cette pureté fatalement s'évapore et disparait. "


Et soudain, tout fut envahit d'une immense tristesse.



mars 2014


Je me souviens de cette époque

Où les Hommes s'habillaient de certitudes,

Tandis que je n'en avais aucune.

 

La seule certitude que j'avais,

Était que je ne savais Rien.

 

C'est ainsi que je suis entrée dans la Forêt,

Presque nue,

Seulement vêtue de mes doutes,

Car ils laissaient plus de place à l'imaginaire.

 

Et soudain, la Forêt s'emplit

D'un tourbillon de bulles

Irisées par le Soleil

 

 

 

mars 2015

 


J'ai tellement peur de la mort.

 

Je t'assure, l'idée de disparaitre m'est insupportable.

 

Pour lutter contre,

J'ai eu la foi,

Longtemps.

 

Ma foi, un jour,

S'est évaporée,

Comme ça...

 

Alors,

Je construirai un refuge,

Pour toi et moi,

Fait de couleurs et de lumières,

Où la Vie est éternelle.

 

Où la Vie jamais ne s'éteint.

 

Elle s'endort juste pour l'hiver.

 

 

février 2015


Je n’ai pas besoin d’un meilleur téléphone portable

Pour mieux communiquer avec les gens

Je n’ai pas besoin d’une meilleure télévision

Pour mieux voir que l’on me manipule

Je n’ai pas besoin d’un meilleur ordinateur

Pour être mieux connectée au Monde

Et je n’ai pas besoin d’un meilleur appareil

Pour faire de meilleures photos

 

C’est moi seule, qui dois m’améliorer


février 2015


Dis-leur

 

Dis-leur que nous aurions pu vivre en harmonie

 

Dis-leur que nous aurions pu vivre ensemble

sans nous détester

 

Dis-leur que nous aurions pu être heureux

sans nous enrichir

 

Dis-leur que nous aurions pu être joyeux

sans nous engraisser

 

Dis-leur que pour nous aurions pu nous réjouir

sans agressivité

 

Dis-leur que nous n'avions qu'à ouvrir les yeux,

pour voir la lumière

 

Inonder de couleurs ces minuscules choses

 

Dis-leur qu'il n'était pas trop tard, alors,

pour tout changer


octobre 2014

 


 

 

 

Te voir ainsi dévêtu de tes pétales
Pour ainsi dire... Nu
Dressé fièrement

au milieu de ce champ
Écarlate, prêt à semer

tes graines au vent,
Me rappelle que

je n'ai plus aucun orgueil
Lorsque tu m'effeuilles



mai 2014

 

 

 

 

 


 

J'ai déjà remarqué que la volonté devenait soluble dans le plaisir. Tu sais, ce moment où tu t'abandonnes, où tu laisses tomber tes principes et tes résolutions, et même ta morale, pour succomber. C'est le point de fusion de la volonté. Jamais mesuré par les chimistes mais pourtant parfois si concret.

 

Un peu comme ce coquelicot dans l'arrière plan. Son rouge a beau être écarlate, violent, cru comme la lumière de midi, il se dilue comme un reste de gouache dans une toile de fond, et bientôt n'est plus qu'un souvenir, un nuage orangé, qui n'a plus rien à voir avec son vermillon d'antan.

 

C'est pourquoi, toute résistance est inutile. Car ma volonté toujours finira par se diluer dans le plaisir, comme les coquelicots dans le bokeh.


mai 2014

 

 

 

 


 

Lorsque j’étais enfant,

je me rappelle avoir regardé en douce
Les filles de mon école,

brunes, blondes ou rousses.
Parce qu’elles étaient jolies, et que j’étais émue
De leur peau de pêche,

des courbes de leur visage
Des nuques délicates,

des chignons enroulés au-dessus
Et des longs cheveux flottant dans leur sillage.
La plus belle d’entre toutes s’appelait Mathilde.
J’ai pris son nom de baptême

pour le donner à ma fille,
Pour que ce prénom de beauté
Soit comme une bonne fée,

penchée sur son berceau.
Aujourd’hui, que crois-tu que je fais,
L’œil dans le viseur, Entre corolles et calices ?
Je continue d’épier l’harmonie de la féminité.


Mais je te rassure,

cela ne m’a jamais empêchée
D’aimer aussi l’homme que tu es.

 

mars 2014

 

 

 


 

L'attente

 

J’attends que ma journée de travail se termine pour rentrer chez moi et t’embrasser.

J’attends devant la senséo que l’eau soit chaude pour faire couler mon café.

J’attends parfois des heures entières

que le sommeil veuille bien me trouver.

J’attends que ma fille m’appelle

pour me dire que de l’école

elle est bien rentrée.

J’attends aux caisses des magasins,

à la pompe à essence.

J’attends dans le noir, que le film commence.

J’attends des réponses, je prie en silence

Pour une forme ou une autre,

de reconnaissance.

 

Et lorsque je suis sur le sol d’une forêt, étendue

L’appareil au poing, alors je n’attends plus.

J’embrasse avec mon ventre

le corps de ma seconde mère la Terre,

Toute entière allongée, je n’attends plus.

 

Et je reconstruis le puzzle du sens de ma vie.

 

 

 mars 2014


 

Calme Blanc

 

Les jours de fièvre où tu ris jaune,

Le vert de rage pour les jours d'orage,

Le rose bonbon pour les jours tendres,

Les jours de misère, bleus comme l'enfer.

 

Puis

Il y eut

Ce fugitif instant,

Où tout était

D'un calme blanc






mars 2014

 

 

 


 

My Body is a cage - Part II

 

Parfois j’aimerais n’être qu’un esprit, pour m’affranchir du fardeau de ce corps trop lourd.

 

Mais si je quittais mon vaisseau, pourrais-je encore m’engourdir les doigts dans l’eau gelée des torrents ?

 

Serais-je encore éblouie par le soleil ?

 

Pourrais-je encore entendre le chant tumultueux des bois pendant l’averse ?

 

Sentirais-je encore l’odeur de la terre mouillée ? Le goût d’un brin d’herbe longtemps mâchouillé ?

 

Et comment ferais-je pour te livrer cela, en mots comme en images ?

 

Je ne suis pas prête à renoncer.


février 2014

 

 

 

 

 


Le 1er jour du reste de ma vie

 

 

Dire que j’ai attendu d’avoir 36 ans, pour m’émouvoir de la beauté du monde.

 

Tant de temps perdu à regarder au mauvais endroit.

 

Il me reste peut-être moins de la moitié de ma vie, pour découvrir toutes les merveilles qui me font envie : les amanites tue-mouche, les sabots de vénus, les perce-neiges, les fritillaires pintades, les orchidées sauvages...

 

Sans compter les petites choses qui bougent, les salamandres, les tritons, les rainettes…

 

Les choses à plumes et les choses à poils,  tous ces bijoux qui vivent à mes côtés et que je n’avais jamais regardés… Mais à quoi donc étais-je occupée ?

 

Oh bien sûr, il m’est arrivé pendant mon enfance, de faire des bouquets de coucous et de muguet.

 

Mais je n’avais pas soupçonné la petite véronique, la flore des bryophytes, les poils des pulsatiles, le mauve délicat des scilles.

 

J’ignorais la feuille duveteuse de l’hépatique, les clochettes des campanules et des nivéoles, la petitesse du mouron et la frivolité des amourettes.

 

Mais où donc avais-je la tête ?

 

Février 2014

 

 

 

 

 



 

 

Si j’étais un objet,

Je serais en tissu.

Si j’étais en tissu,

Je serais une robe.

Si j’étais une robe,

J’aimerais être fleurie.

Je serais printanière,

Et je serais légère !

Puis le vent soufflera,

Et…

Tu te retourneras

Pour ma jupe en corolle,

Qui soudainement s'envole !


janvier 2014

 

 

 


 

Une nouvelle année commence... Sans nul doute de nouvelles rencontres m'attendent, au cœur des forêts, des friches, des champs et des jardins.

 

J'aurai aussi plein d'occasion de vous rencontrer si vous venez à mes prochaines expositions !

 

Je suis impatiente d'y être, mais pas trop. Car depuis que je fais de la photo, j'ai appris à vivre chaque moment de ma vie pleinement. Et même quand il ne se passe rien, la nature remplit le vide de chaque instant.

 

J'ai une pensée particulière pour celui qui m'a initiée à cet art... de vivre. Grâce à lui j'ai enfin compris ce que c'était de regarder le monde autour de soi.

 

Bonne année 2014 à tous les visiteurs qui passeront par là !

 

 


Si j'avais su

 

Pas facile d'avoir envie d'être une femme quand on nait en même temps que son frère. Même si mon jumeau n'était pas mon rival, la comparaison faisait partie de ma vie, elle était là, tout le temps.

 

Je voulais être plus forte que lui,

je voulais être un garçon.

 

Un jour la physiologie vous rattrape, et alors,

il nage plus vite que vous, et quand on chahute,

il gagne, immanquablement.

 

Alors une fois adulte, j'ai continué à vouloir

être un garçon. Je voulais jouer de la guitare électrique, je n'étais douée que pour les arpèges.

 

J'ai attendu d'avoir 35 ans pour avoir

envie de porter des robes.

 

Qui aurait cru qu'à 37 ans, la photo m'aurait guidée sur le chemin de la féminité ?

 

Parfois devant certaines images,

je sens que c'est presque gagné.

Quand une image dégage autant de fragilité

que le papier sur lequel j'aimerais l'imprimer,

Alors je me sens presque réconciliée avec ma féminité.


novembre 2013

 

 


 

 My body is a cage...

Tu cries fort pour dire que la beauté n'est pas une qualité, mais aujourd'hui, malgré tout le chemin parcouru, je rêve encore de leur ressembler, pour avoir vu tant de portes s'ouvrir pour elles, et qui pour moi, sont restées fermées. D'autres portes finalement se sont ouvertes, des chemins qui peut-être seraient restés inexplorés, comme celui de mon imaginaire.

" My body is a cage, but my mind holds the key "

septembre 2013

 

 

 



 

Au commencement, nous étions 1.
Le jour où je suis née, j’étais 2.
Il était moi et j’étais lui.
Nous nous comprenions sans parler, un regard parfois suffisait.

Je ne sais pas pourquoi il a fallu grandir.
Je n’ai pas compris pourquoi il a fallu que chacun suive son chemin.
C’était ainsi.
Je me suis perdue en chemin, alors même que j’essayais de me trouver.
J’essayais d’être deux, alors que je n’étais plus qu’une.

Depuis quelque temps, j’ai retrouvé mon chemin.
Sur mon chemin, il y avait un appareil photo.
Cet appareil et moi, nous ne faisons qu’un, et avec lui j’aime me sentir seule, pour la première fois peut-être, d’ailleurs.
Mais quand je rentre à la maison avec mes images, sur un logiciel dont je ne citerai pas le nom, alors je duplique mes calques.

Une image devient deux.
Et puis je les superpose, et alors, deux calques deviennent un.

Alors c’est vrai, certaines de mes images ne sont pas brutes de capteur.
Elles sont parfois la compilation de deux photos qui se ressemblent beaucoup…

A ceux qui me diront que je suis une tricheuse, j’oserai répondre qu’avant toute chose, je suis une sœur jumelle.

 

 


On raconte qu’il y a très longtemps, en des temps immémoriaux, un Moine aux yeux d’un bleu translucide, vivait reclus dans un Monastère.
Il avait fait vœu de silence et de solitude, et sacrifié sa vie pour des Dieux dont personne ne se souvient plus aujourd’hui.
Les années passaient toutes semblables dans le silence de ses prières au milieu des montagnes arides.

Un jour, sans qu’on sache pourquoi, une femme frappa aux portes du Monastère.
Lorsque le Moine l’aperçut, il ne vit que ses grands yeux verts, d’un vert intense et lumineux comme celui des arbres au printemps, alors que leurs bourgeons éclosent tous à la fois.
Personne ne sait plus pourquoi elle frappait à cette porte, quelle détresse l’avait amenée là.
Le Moine la recueillit et rompit son vœu de silence et de solitude.

Puis une nuit il la posséda.
De cette unique union naquit une enfant, une fille dont les yeux n’étaient ni bleus, ni verts, mais les deux à la fois.
Alors le Moine fut maudit.
On lui imposa la forme d’un animal impopulaire, et il se changea en Vautour.
Il fut condamné à planer au dessus de la terre, que les quatre vents faisaient tourner sans cesse.

Un jour, le Vautour Moine passa au dessus d’une rivière qui n’était ni bleue ni verte, mais les deux à la fois.
Il demanda aux quatre vents : « arrêtez le Monde, je voudrais descendre ».
Les quatre vents cessèrent momentanément de faire tourner la terre, et le vautour se posa au bord de la rivière.

Depuis ce jour, le Vautour Moine vole dans les gorges du Verdon.
Au dessus de l’eau dont la couleur lui rappelle tant celle des yeux de son Enfant.                               

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Conte de la Forêt du Val Suzon

 

Il était une fois un enfant.
L’enfant n’avait pas d’âge, et pourtant, il grandissait.
Et plus il grandissait, plus il vieillissait.
Et plus il vieillissait, moins il aimait le monde autour de lui.
Il n’aimait pas ce qu’il voyait, ce qu’il sentait, ce qu’il touchait, et il n’aimait pas non plus ce qu’il entendait.
L’enfant était en train de devenir un homme triste.

Un jour, au mois de mars, l’enfant sans âge s’en alla dans la forêt.
Il s’enfonça très profond dans les bois, et marcha très longtemps.
Il vit le ruisseau d’émeraude qui serpentait entre les arbres.
Il vit les nivéoles et les scilles qui poussaient dans la mousse.
Il entendit le chant des passereaux, et le cri de la buse.
Il vit des terriers cachés dans les souches, et sentit l’odeur de la terre humide.

Et puis au bord d’un chemin, il vit une Anémone Sylvie.
Elle était toute seule, elle était si fragile, elle était comme lui.
Il s’allongea par terre et se mit à la regarder.
Il la regarda si longtemps et si fort, que l’Anémone se transforma en fée.
La Fée demanda à l’enfant qui n’avait pas d’âge : quel vœu souhaites-tu exaucer ?
L’enfant réfléchit longtemps, puis il dit :
J’aimerais qu’une partie de moi soit toujours dans la forêt.

Alors la Fée exauça son vœu.
Elle lui prit une oreille, et délicatement, elle la cacha sous la mousse, entre les nivéoles et les scilles.
L’enfant sans âge repartit, et devint un homme.
Il était à moitié sourd au Monde autour de lui.
Mais la nuit, il entendait, depuis son oreille, cachée dans la forêt, le vent dans les arbres, le bruit du ruisseau qui serpentait, et parfois, au dessus de l’Anémone, la chouette hulotte qui venait se percher.